faire pousser sa propre forêt en milieu aride.
Il a pu inaugurer en juin 2021, un mur qui protège la forêt de 27 hectares. Toute sa vie, ce paysan et tradipraticien burkinabè a planté des arbres aux portes du désert, dans son village de Gourga, dans la région du Yatenga (Nord). Une existence consacrée à la biodiversité à laquelle le géographe Damien Deville rend hommage dans « L’homme qui arrêta le désert ».

L’épopée fertile de Yacouba commence dans la pire des adversités, lors de la terrible sécheresse du début des années 1980.
Plutôt que de fuir devant les vents chauds qui grignotent les végétaux et attaquent les hommes et les animaux, il entreprend de renouveler des techniques ancestrales de culture comme le zaï.
Faisant fi de ceux qui le prennent pour un fou et estime déjà son entreprise condamnée, il creuse des poquets, joue avec les rythmes du ruissellement, construit les cordons pierreux dont il a pu éprouver l’efficacité chez les Dogons du Mali et fait des termites ses alliés pour régénérer les sols.
Yacouba Sawadogo n’a plus jamais quitté sa forêt, ou seulement pour partager ses expériences avec d’autres paysans des zones arides, et n’a cessé d’alerter sur l’urbanisation croissante de la ville voisine de Ouahigouya.
Au crépuscule de sa vie, c’est pourtant dans une métropole, celle d’Abidjan, qu’il a rencontré Damien Deville, pour des raisons sécuritaires.
Ces dernières années, plusieurs attaques terroristes ont ensanglanté la région du Yatenga, proche du Mali et précisément les abords de Ouahigouya en janvier dernier.
Dans ce contexte, « sa capacité à essaimer et à faire en sorte que d’autres paysans perpétuent son œuvre au Burkina, et pourquoi pas demain dans une frange sahélienne élargie, lui semble très fortement ralentie », rapporte Damien Deville.
Si l’horizon s’est assombri, son fils Lookman Sawadogo a repris le flambeau : son association incite les femmes des villages du Katenga à reforester grâce à la technique du zaï ou aux pépinières.