Cinéma : Le western a-t-il encore un avenir au cinéma ? 

À première vue, le western semble être un genre désuet, passé de mode, comme le souvenir lointain d’un passé glorieux. Certes, le genre n’est plus dans son âge d’or. Cependant, dire que le western est mort serait un jugement bien trop péremptoire ; « mort-vivant » serait sans doute plus à propos, à l’image des nombreux films qui continuent, consciemment ou non, de dialoguer avec lui.

Le western, pilier du cinéma américain et plus largement du cinéma moderne, n’est pas mort. Ses ramifications sont en tout cas légion. Entre remakes de films plus ou moins aboutis (3h10 pour Yuma ou True Grit dans un cas, Les Sept Mercenaires dans l’autre).  

D’autres dépoussiérant habilement le genre (Bone Tomahawk, L’assassinat de Jesse James par le lâche de Robert Ford, Appaloosa, Slow West, News of the World, etc.) et transcendant le cadre de l’Ouest sauvage (No Country for Old Men, Gran Torino, Comancheria), quitte à l’emmener vers d’autres contrées cinématographiques (Logan, Mad Max: Fury Road, The Revenant), le western semble avoir encore de beaux jours devant lui.

Seulement, le western de demain ne revêtira sans doute pas les mêmes velléités ni les mêmes enjeux idéologiques et esthétiques que celui d’hier. Si le western traîne toujours avec lui un lourd bagage mythologique, il demeure également un genre éminemment politique – si ce n’est le plus politique qui soit au cinéma.

Un genre fondateur

C’est peut-être la recette même de sa longévité. Selon les dires du philosophe Daniel Agacinski, le western « apparaît comme une pratique politique, populaire et nationale [et] peut être vu comme une sorte de miroir dans lequel l’Amérique s’est regardée » (Philosophie du western – Image, culture et création, Presses de l’Université Saint-Louis, 2013).

 L’essence du western résiderait alors moins dans des caractéristiques formelles (qu’on aurait bien du mal à déceler aussi systématiquement dans le cinéma contemporain que dans les westerns des années 1950) que dans une espèce de « pratique mythologique collective », chaque film apportant alors sa pierre à l’édifice – par renvois, hommages, citations directes ou ruptures nettes avec le genre. 

Après tout, le western a eu plusieurs vies. Une première véhicule les valeurs patriotiques de l’Amérique et son besoin quasi vital de récit, gravitant autour des mythes de la Destinée manifeste, de la frontière et de la conquête de l’Ouest, mais longtemps cantonné à des séries B lucratives.

Et une seconde vie, durant laquelle le genre gagne ses lettres de noblesse chez des cinéastes comme Howard Hawks (Rio Bravo, La Captive aux yeux clairs), Anthony Mann (mettant régulièrement en scène James Stewart) ou Raoul Walsh, mais avant tout John Ford, l’homme aux plus de 140 films et que l’on considère généralement comme étant à la fois l’instigateur et le fossoyeur de l’âge d’or du western hollywoodien. Lire la suite   

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *